Tricot en cours 1 : gant aran en fils de chanvre Pernelle de chez Kaneh Bosem

utilisation non autorisée


Dans le gris des mois noirs /Miz Du , j'aime réaliser des petits riens précieux/bravigou. Ce sont les mois des perles, des fils à tricoter particuliers de par leur qualité et des coupons récoltés au fil des ballades de l'année.

Ce sont les mois des projets  méditatifs, où les sensations comptent plus que la technique.

Ce sont les mois des remerciements à la beauté des productions artisanales humaines.


Dans mes commandes de fin d'année il y avait un précieux fil de chanvre violet de chez Kaneh Bosem.

Avant de le rencontrer /toucher/ressentir, je l'avais vu en châle dentelle. C'était lorsque je l'ai reçu, un jour un peu éclaté comme nous en  avons toutes . Il était encore plus lumineux que je ne le pensais. Mais le toucher me laissait perplexe ;  mon pull préféré est pourtant en dentelle de coton/ortie et j'aime tricoter le lin et les fibres de laine artisanales encore rêches au toucher avant que l'usage ne viennent les adoucir.
J'ai oublié d'écouter ce que me disaient le fil et mes mains...trop pressée...trop ailleurs...trop plus loin...

J'ai monté, détricoté, repris, réessayé, un, deux patrons...décidément ce fil et ces modèles n'allaient pas ensemble.

"Tu tricotes un filet de pêche ?" dixit La Petite, ironique .

Chanvre rêche. Chanvre malsain dont les ateliers humides des tisserands les rendaient si pâles et maladifs. Chanvre dont l'odeur empoisonnait la ville. Chanvre délaissé.

Mes mains et mon obstination étaient en train de reproduire les poncifs contre lesquels je lutte parce que le passé ne détermine pas le présent.






Chanvre soyeux, chanvre si fin, chanvre précieux.



Il suffisait de laisser un autre chant tout doux émerger.

Il suffisait de prendre le risque, se faire rencontrer en moi les points d'Aran que j'aime tant, de sortir de fines aiguilles 2,5, un patron mis de côté dans mon classeur.

Il y a des gants sur mes aiguilles. Il y a un fil dont les couleurs vibrent parsemées de touches rosées. Et puis il y a cette tension du fil , ce rêche du fil d'écheveau qui pour la première fois devient bobine et qui sous la main du tricot s'assouplit et s'enroule en dessins courbes et enlacés.

C'est une douce rencontre en ces mois noirs.

Doux tricot à vous !

Commentaires

  1. Superbe ecriture ....tant d'ouvrages commences dont peu voient le jour, beaucoup d'exigence, et cet frenesie a chercher, ressentir, voir les couleurs, les formes,la matiere ...maitriser, ou plutot dompter. Laisser mon esprit s'enlacer dans les volutes d'une broderie .....oui un passe temps extraordinaire . Merci vous etes inspirante Cathy

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